La jeune scène française,
acte 2
16 - 24 octobre 2021
126 rue de Turenne, 75003 Paris
Dans la lignée de l’exposition intitulée Demain, la jeune scène française organisée en mars dernier, By Lara Sedbon ouvre une nouvelle page en hommage à la jeune génération. L’exposition s’articule en deux temps. Elle s’ouvre sur une grande composition de Benjamin Valode. Intitulée Fantôme, l’œuvre rend compte de l’évolution d’un nuage lenticulaire, phénomène naturel rare que l’artiste a eu la chance d’observer au large de la Corse. Consciencieusement, il en dresse les multiples variations, hommage à la magie que la nature brasse ineffablement. Autre ode à la nature, la peinture hyperréaliste d’Adrien Belgrand représente un couple surplombant la plage de la baie des singes à Marseille. Seuls dans un monde aux couleurs hétéroclites où la mer côtoie les graffitis, ils semblent se dire que tout est possible. A ce paysage où les personnages se noient dans le décor, succède une série de portraits de Rebecca Brodskis. Changement d’échelle ou plutôt de point de vue, les personnages en gros plan nous livrent tout ce qui les habite. En écoutant le silence dépeint une femme en position d’observation. Ce qui l’entoure semble déteindre sur sa peau comme si les reflets du jour naissant se muaient en lumière intérieure. Face à cette réflexion sur le monde, s’agite un tout autre personnage. La femme algue d’Eugénie Modai surgit de l’univers marin et déplie un imaginaire haut en couleurs. De sa coquille coquillage, l’écho du ressac nous parvient, relayé par cet être hybride et étrange qui pourrait habiter la toile voisine de Léonard Combier. Tout droit sorti de l’univers fantastique de l’artiste, un horoscope dresse sournoisement l’avenir du visiteur.
Sourire à l’appui, il pénètre alors dans la seconde partie de l’exposition, brandissant le noir et le blanc pour seule mais si riche palette. Le dessin de Tudi Deligne réinterprète Le Souper à Emmaus du Caravage. Une respiration, un temps de pause solennel inscrivant le présent dans un héritage auquel il est si rude de se mesurer. Également sur papier, le délicat travail de Lelia Demoisy déploie une farandole fleurie dont la feuille est l’unité de mesure. A partir d’une linogravure, l’artiste imprime au tampon un herbier dansant dans lequel irait bien se camoufler le singe de Stras Bear. Ici, c’est le mot « Human » répété qui scande le rythme et questionne notre rapport au monde : quel est la nature de notre humanité ? Face à cette mise en abyme, il n’y a plus aucun mot. L’exposition se termine dans le silence. Celui des toiles noires et profondes du diptyque de Roxane Gouguenheim. Fruit d’une recherche obsédante sur l’image, ce travail dévoile violemment sa confrontation avec la matière appréhendant le volume dans ses velléités de contenant. Contenant de l’information, passée, présente, brouillée, malmenée ; puis retrouvée, son œuvre épiphanique fait soudain jaillir la lumière, puis le son, dans une évidence primitive qui s’éprouve de l’intérieur.